Dire que nous vivons dans des temps sans précédent et hautement incertains serait un euphémisme.
Les effets combinés des changements climatiques—à la fois soudains et s’accentuant avec le temps—et du creusement des inégalités socioéconomiques sont la source de plusieurs enjeux dans différentes régions du monde (dont l’Asie du Sud-Est), et cela bien avant le début de la pandémie de la COVID-19.
En moins de six mois, la pandémie a révélé (ou intensifié) (1) des vulnérabilités structurelles systémiques, (2) des injustices et des inégalités dans nos systèmes d’assistance à la vie—soins de santé, chaînes d’approvisionnement alimentaire, garderies, écoles, universités, industries manufacturières, infrastructures physiques et sociales—ainsi que (3) des relations et une interdépendance accrues entre pays et entre régions. Le contexte de la pandémie a également montré comment les dirigeants autoritaires populistes émergents en Asie du Sud-Est (et ailleurs dans le monde) attisent des peurs de longue date et des préjugés persistants combinés à des mesures d’urgence par lesquels la pandémie devient un « prétexte parfait », ou une façon de dissimuler une répression accrue de leurs citoyens, une plus importante manipulation politique, ou un renforcement de leur contrôle.
Les enjeux liés à la pandémie de la COVID-19 en Asie du Sud-Est—et plus largement au niveau mondial—sont en fait profondément liés à des enjeux préexistants, que les membres du CCEASE se sont engagés à traiter depuis sa création.
Les chercheur(e)s du CCEASE étudient depuis longtemps les structures et les relations de classe en Asie du Sud-Est au-delà des « trois grandes classes » de paysans, d’ouvriers et de capitalistes fonciers. Ils et elles ont contribué à l’étude générale du capital, des paysans, du travail, de la politique, du développement et des ressources en reliant leurs analyses à des défis plus larges—y compris les pandémies, les catastrophes naturelles, les insurrections urbaines et rurales—qui provoquent de graves clivages sociaux, des bouleversements économiques, des transitions de régime et des conflits intergénérationnels. Ils et elles ont lié les problèmes de développement urbain, périurbain et rural aux approches de gouvernementalité et au rôle de l’État, des organisations non gouvernementales, des institutions financières internationales et de la gouvernance à divers niveaux administratifs, amplifiés par les contraintes de ressources, les crises de légitimation, les stress écologiques et les urgences politiques.
Ils et elles ont relevé le défi d’examiner au fil des ans les « miracles économiques », les « crises économiques » et l’économie politique de la « pénétration de l’État » par des intérêts privés, du « capitalisme de copinage », du « néo-patrimonialisme », de la « corporisation », de la « financiarisation » et de la « mondialisation néolibérale ». Tous ces concepts et pratiques sont imbriquées dans les discours sur les droits de l’homme, le libéralisme, la bonne gouvernance et la démocratie, dont l’avenir et les perspectives en Asie du Sud-Est (et ailleurs) ont été brouillées par la pandémie mondiale en cours.
Afin de poursuivre sa tradition de recherche critique et de mentorat de jeunes chercheur(e)s sur l’Asie du Sud-Est au Canada, le CCEASE, un groupe bien à même de relever les défis passés et présents auxquels nos sociétés en évolution rapide sont régulièrement confrontées, peut maintenant compter sur les contributions d’une nouvelle cohorte de jeunes membres au sein de son conseil exécutif: Kai Ostwald (University of British Columbia) comme vice-président, Isabelle Côté (Memorial University) comme trésorière, Stéphanie Martel (Queen’s University) comme membre de l’Exécutif, Antoine Beaulieu (Université Laval) et Mallory MacDonnell (York University) comme représentants étudiants, appuyés par Alicia Filipowich (York University) et Jennifer Langill (McGill University). Je suis l’aînée de l’équipe, ayant participé aux conférences du CCEASE depuis les années 1990 alors que j’étais encore étudiante aux cycles supérieurs. Lors de ces évènements, j’ai eu la grande chance de rencontrer de nombreux universitaires chevronnés qui ont sans aucun doute joué un rôle important dans ma propre croissance intellectuelle et mon développement professionnel en tant qu’universitaire et chercheure.
Sous la direction de ces jeunes leaders et étudiant(e)s, basés d’un bout à l’autre du Canada, nous renouvellerons la tradition critique et l’engagement du CCEASE à soutenir la prochaine génération de chercheur(es) avec une conférence ayant comme thème « Peuples, pouvoir, politique, pandémies et autres périls en Asie du Sud-Est », qui se tiendra à l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver du 21 au 24 octobre 2021.
Nous surveillons de très près l’évolution de la situation de la pandémie de la COVID-19 pour déterminer comment nos déplacements et autres aspects de notre planification logistique seront affectés. Nous sommes prêt(e)s à organiser la conférence dans des espaces virtuels ou hybrides si des avis de voyage et d’autres mesures de précaution essentielle sont toujours en place. Surveillez la diffusion imminente de notre affiche de conférence, notre appel à communications ainsi que nos comptes Facebook et Twitter pour plus de détails sur la façon dont vous pouvez contribuer à la planification et aux préparatifs de la conférence. Pour plus d’informations, veuillez contacter notre secrétariat.
Nous espérons que votre premier choix de conférence post-pandémie sera celui du CCEASE en 2021! Maraming Salamat. Mabuhay!
Leonora C. Angeles, présidente